Je ne sais que penser de cette époque où l'homme se dissout dans un marais d'indifférence à tout. Internet a pris possession de notre cerveau. Les catastrophes climatiques, les guerres, la pénurie de matières premières plongent nos civilisations dans une inquiétude légitime. La poésie là-dedans ? D'une inutilité sans borne. Je suppose que pour nous, elle a encore du sens. Pour le commun des mortels, elle n’en a aucun. Mais ne sommes-nous pas mis à l'écart par un système qui condamne notre liberté de parole ? Mes appels à l'aide retomberont comme un soufflé. Je serai condamné à l'isolement dû au poète. Et moi je fais semblant d'exister, de mener des combats imaginaires.
Voilà où j'en suis. Je n'ai plus rien à dire. C'est peut-être ça qui me plonge dans la solitude ! Alors faire parler les autres ? Croire encore à l’utilité de ce site ? Tout cela n’est-il pas voué à l’oubli ?
À défaut de changer/sauver le monde... agir pour changer la poésie ? On me dit qu'elle a toujours été confidentielle... Doit-elle se résoudre au silence ? Notre obéissance est implacable. Rien ne bouge dans les rangs du poème. Si j'ai cessé d'écrire, c'est parce que je ne trouvais plus de sens à mes propres mots ! Parce que le monde était bien trop fort pour moi. Faut-il sombrer dans le désespoir ? Le monde n’a rien à faire de la poésie. Il tourne sans nous ! Le poète est écarté de toute représentation sociale : son petit monde vit à l’écart des autres. Décidément, j’ai appris beaucoup de mon aventure de revuiste : nous ne sommes rien, isolés dans une société qui nous méprise, condamnés à ingurgiter des poèmes dont l’impact est relatif. N’étais-je pas destiné à servir la parole des poètes, à être une revue parmi d’autres ? Qu’y ai-je trouvé ? Une famille ? Des amis ? Aussi isolés que moi ! Ma revue a fait mon identité. Elle a servi mon combat. Certes, je ne suis pas parvenu à imposer mon utopie, mais ce fut l’occasion de rencontres démontrant l’envie et la force qui habitent les poètes. On ne peut pas oublier ça ! On ne peut pas balayer toute une vie d’engagement, de service à la poésie. Qui sait le travail que cela représente ? Les heures passées, l’engagement virtuel à vouloir changer la vie… Car il s’agit bien de cela. Insuffler des combats qui peut-être feront la poésie de demain. Qui sait ce que l’avenir nous réserve ? En beauté, en création… Peut-être trouverons-nous un sens à ce qui aujourd’hui nous paraît vain.
Personnellement, l’aventure s’arrête. Je n’écrirai plus (à part aux amis). Ni ici, ni ailleurs. Aboutissement d’années de labeur pour la poésie. Je dois accepter la fin et laisser mon chemin. D’autres combattants viendront au renfort des mots ! La poésie trouvera sa place dans la société. Comment envisager un autre destin, alors que tout aujourd’hui la condamne au silence et au mépris ?
Merci de laisser vos mots dans cet espace. Je laisserai ce domaine à votre service, si vous avez envie de vous y exprimer. Je serai attentif à toutes vos propositions. L’aventure Mot à Maux n’est peut-être pas morte, si elle continue de vivre dans vos yeux.
Daniel Brochard, le 15 octobre 2022
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